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Amitriptyline, posologie et contre-indications.

    Noms commerciaux:

    Apo-amitriptyline, Decatriptyn, Deprex, Elavil, G-Triptyn, Levate, Meravil, Novotriptyn.

    Ordonnance requise

    Indications thérapeutiques

    On utilise l’amitriptyline pour traiter la dépression. Bien qu’on ne connaisse pas vraiment la façon dont ce médicament agit, il semble qu’il ait un effet favorable pour soulager les symptômes de la dépression. Celle-ci se caractérise par une modification de l’humeur et de l’activité (habituellement une baisse marquée, mais parfois de l’hyper-activité).

    On retrouve généralement des sentiments de culpabilité, de dévalorisation et de désespoir comme fond émotif. En plus d’améliorer ces sentiments, l’amitriptyline influence aussi souvent de façon favorable le sommeil et l’appétit.

    Posologie habituelle

    On instaure le traitement de façon progressive; une manière courante de procéder consiste à prendre 50 mg par jour pendant 2 jours, à augmenter à 100 mg par jour pendant 2 autres jours, et puis à 150 mg par jour pendant une période plus ou moins prolongée (souvent durant plusieurs mois). Les doses peuvent même aller jusqu’à 300 mg par jour.

    L’amitriptyline est un médicament qui doit être pris sur une base régulière, à la différence des tranquillisants qu’on peut prendre “au besoin seulement”. En effet, elle possède un long délai d’action; celle-ci peut prendre de 5 à 21 jours avant de se manifester.

    Au moment d’arrêter le traitement, on aura avantage à diminuer les doses progressivement. On doit parfois continuer un traitement d’entretien pour éviter les rechutes; il consiste alors en une dose de 25 ou 50 mg au coucher.

    Contre-indications

    On devrait éviter de prendre ce médicament peu après un infarctus du myocarde, et le faire avec grand soin si on souffre de maladie cardiaque ou d’irrégularité du rythme cardiaque.

    On attendra 15 jours après avoir cessé un traitement avec le Parnate, le Nardil ou le Marplan avant d’utiliser l’amitriptyline.

    On évitera son usage pendant la grossesse et l’allaitement.

    Certains états n’empêchent pas de façon absolue l’utilisation d’amitriptyline, mais demandent une attention médicale plus grande. Ce sont: le glaucome, le diabète, l’hyperthyroïdie, l’épilepsie, la rétention urinaire, l’hypertrophie de la prostate et un malfonctionnement du foie.

    Effets secondaires possibles

    Les effets secondaires les plus fréquents surviennent en début de traitement et diminuent parfois à la longue; ils ne nécessitent habituel­lement pas l’arrêt du médicament. Ce sont: de la sédation, de la sécheresse de la bouche, un embrouillement de la vision, de la constipation, de la rétention urinaire (surtout chez les gens ayant un problème de prostate), un sentiment subjectif d’agitation et, assez souvent, un gain de poids.

    D’autres effets secondaires sont moins fréquents, mais ils nécessitent parfois l’arrêt du traitement; on devrait aviser son médecin s’ils apparaissent:

    hypotension, hypertension, palpitations, rythme cardiaque irrégulier;

    confusion, agitation, hallucinations, nervosité, anxiété, cauchemars;

    aggravation d’une schizophrénie latente;

    engourdissements, douleurs et fourmillements dans les membres;

    crises épileptiques;

    atteinte de la moelle osseuse, caractérisée par de la fatigue, de la faiblesse, de la fièvre, un mal de gorge, une tendance à faire des bleus facilement;

    maux de tête, étourdissements, faiblesse, évanouissements, tremblements, incoordination motrice et parfois du parkinsonnisme (rigidité, tremblements…) surtout à l’arrêt du traitement;

    allergie: éruption cutanée, enflure, démangeaisons, réaction au soleil;

    troubles du système digestif: nausées, vomissements, perte d’appétit, mal à l’estomac, goût étrange dans la bouche, diarrhée;

    troubles endocriniens: enflure des testicules, gonflement des seins (autant chez l’homme que chez la femme), sécrétion de lait, taux de sucre sanguin qui varie, difficulté à atteindre l’orgasme;

    apparition ou aggravation de glaucome;

    perte de cheveux, transpiration exagérée.


    Interactions médicamenteuses

    L’amitriptyline peut diminuer l’effet des médicaments suivants: la guanéthidine, la clonidine, la phénytoïne et le lévodopa.

    Elle peut augmenter l’action et les effets secondaires des médicaments suivants: les coupe-faim, les antiparkinsonniens, certains relaxants musculaires, les tranquillisants, les somnifères, les narcotiques, les antipsychotiques, certains antiasthmatiques et certains décongestionnants.

    L’amitriptyline réagit aussi avec les médicaments suivants: les barbituriques diminuent son effet antidépresseur, les extraits thyroïdiens augmentent les risques de toxicité cardiaque, les diurétiques peuvent augmenter son action. Son association avec le Parnate, le Nardil ou le Marplan peut provoquer une crise hypertensive.

    Précautions

    L’amitriptyline peut causer de la sédation et rendre hasardeuse la conduite automobile et l’utilisation de machines demandant de l’attention et de la précision. Pour minimiser cet effet, il est recommandé de prendre la plus grande partie de la dose quotidienne du médicament (ou même la dose au complet) au coucher, et non en plusieurs prises durant la journée. L’effet obtenu est aussi valable.

    L’effet d’amélioration sur l’humeur peut être long à se manifester; on ne devrait pas conclure à une inefficacité du médicament avant un mois de traitement (même si c’est long…). Aussi, des échecs de traitement seraient souvent attribuables à l’utilisation de doses insuffisantes.

    L’alcool risque d’augmenter l’effet de somnolence de l’amitriptyline. On devrait interrompre ce médicament plusieurs jours avant une intervention chirurgicale.

    Alternatives

    Bien qu’il semble assez clair que les antidépresseurs favorisent la guérison des personnes atteintes de dépression, il est difficile d’évaluer la part jouée par la médication dans l’amélioration de l’état de santé. La dépression a des origines multiples; génétiques, environnementales, psychologiques, biochimiques, toutes plus ou moins reliées les unes aux autres. La médication pharmacologique jouerait directement sur la composante biochimique des activités de veille et de sommeil, d’appétit et de conscience. Mais la médication ne peut pas avoir d’effet sur les facteurs environnementaux, émotifs ou psychologiques. Plusieurs approches thérapeutiques existent et peuvent aider: psychiatrie, psychanalyse, approches psychologiques verbales, non verbales, gymnastiques douces; chacune a ses forces et ses défauts.

    Il s’agit de trouver une approche qui nous convienne, avec un thérapeute qui nous convienne aussi; ce sont là sans doute les meilleurs critères de choix et les meilleures garanties d’un résultat positif. On devra aussi souvent s’occuper du milieu de vie; sa qualité peut certainement jouer dans l’installation et l’évolution d’une dépression; des conditions de vie familiale, de travail et de logement insatisfaisantes et qui ne changent pas minent le moral et laissent place plus aisément au découragement.

    En fait, on a sûrement avantage à essayer d’avoir une influence sur l’évolution de la maladie en l’envisageant sous différents angles, l’angle chimique n’en étant qu’un.

    Un élément dont on doit aussi tenir compte dans le choix d’un traitement est la façon dont on l’accepte; on peut refuser un antidépres­ seur à cause de ce qu’il modifie en nous, à cause du grand nombre d’effets secondaires qu’il peut causer ou bien parce qu’on favorise une approche non chimique.

    On peut l’accepter aussi comme une aide qui permet temporairement de soulager certains symptômes difficiles à vivre, qui permet de filtrer les émotions, de réduire leur impact sur la vie.. .Mais on ne peut sûrement pas lui attribuer tout le succès de la guérison.

    Jugement critique

    L’amitriptyline est un médicament puissant souvent mal utilisé. On le prescrit la plupart du temps à des femmes et à des personnes âgées, pour soulager les symptômes alliés à la dépression. Or, on distingue différents types de dépression, et elles ne répondent pas toutes à ce traitement. L’amitriptyline n’a pas d’utilité si on est du type “déprimé chronique”; chez ces personnes, les crises dépressives sont précipitées par des événements n’ayant pas habituellement d’impact important sur l’affectivité. Les antidépresseurs n’agissent pas non plus lors de dépressions situationnelles, lorsque celles-ci sont clairement précipitées par des événements difficiles à vivre: la perte d’un être cher, des difficultés économiques soudaines, la perte d’un emploi…C’est une amélioration de la situation, ou l’adaptation créatrice à celle-ci qui permettra de liquider le sentiment dépressif.

    Les antidépresseurs sont indiqués lorsque la dépression ne semble pas reliée à des facteurs précipitants identifiables, ou lorsqu’une transformation de la situation extérieure n’améliore pas l’état. L’installation de la dépression a cependant pu se faire petit à petit, en réaction à des situations extérieures, de défaite en défaite…jusqu’à ce que le seuil de tolérance soit dépassé, mais il est difficile de trancher et d’établir des frontières absolues.

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